Dans l’article ci-après de Hotel Business nous présentons un reportage sur le nouveau Sofitel Frankfurt Opera, dont le GM Opera est le belge Denis de Schrevel (DD), un hôtelier pur-sang, doté d’une énorme expérience internationale tant dans l’hôtellerie leisure que business. Nous avons eu le plaisir de lui poser quelques questions.
HB: Pouvez-vous nous tracer brièvement votre trajet professionnel ?
Denis De Schrevel: A l’époque de ma formation à l’Ecole Hôtelière de Lausanne, où j’ai obtenu mon diplôme en 1977, l’expérience était encore la plus importante pour tous les hôteliers. J’ai ensuite immédiatement débuté une formation de management au groupe Hilton et j’ai été sollicité de rejoindre Munich au départ de Bruxelles, ce qui ne constituait pas de problème, parce que j’avais appris l’Allemand pendant mon service militaire. De Munich, je suis parti à Jérusalem (Hilton, 1982-1984), suivi d’Hilton Schiphol Amsterdam, où j’occupais les fonctions de directeur Food & Beverage de 1984 à 1986. Et c’est ainsi que ce sont poursuivies les responsabilités à l’étranger, avec des fonctions à Guernesey, Londres, et dès 1991 en Egypte, où j’étais occupé pour Sofitel pour la première fois, d’abord comme directeur Food & Beverage, et dès 1992 comme GM, pour ensuite avoir l’honneur de pouvoir préparer également des ouvertures hôtelières comme GM. Avec commes références, l’Egypte, Bora Bora, le Portugal, les Baléares, le Maroc, et – et après une période à la tête du Sofitel Brussels Europe de février 2010 à janvier 2016 – c’était Francfort avec la préparation complète de l’ouverture du Sofitel Frankfurt Opera, en octobre 2016.
HB: Comment avez-vous atterri dans l’hôtellerie ?
DDS: Tradition familiale, l’envie d’aventure ou d’expériences étrangères ? Les sciences naturelles n’étaient pas ma tasse de thé et je ne pouvais pas devenir biochimiste. Je suis entré dans l’hôtellerie avec les mêmes intentions qu’un biochimiste : le souci du détail, découvrir quelque chose ensemble, contenter les gens et, dès ma jeunesse, une expérience dans la « haute hôtellerie », ont donc contribué à ma formation dans la meilleure école hôtelière du monde à Lausanne.
HB: Je remarque que vous avez été occupé surtout par le groupe Accor, et plus spécifiquement Sofitel, tant dans des destinations de vacances méridionales/beach resorts que dans des villes « d’affaires » (Bruxelles, et aujourd’hui Francfort). Qu’est-ce qui vous attire dans des deux types d’hôtels, où surtout l’atmosphère et dans une moindre mesure la clientèle sont différentes ? Et où les hôtes ont une attente d’un modèle différent d’hôtel ?
DDS: Chaque type d’hôtel possède des pours et des contres. Vous consacrerez davantage de temps aux hôtes dans le leisure, ils sont en vacances et posent davantage de questions, payent généralement tout eux-mêmes, possèdent généralement un modèle défini d’attente avec leurs propres idées que vous devez combler rapidement. Ces hôtes doivent également vivre de belles expériences/surprises supplémentaires que celles d’un simple modèle base d’un hôtel, davantage qu’une belle ambiance, du personnel agréable, une salle de bain et un lit, du wifi et un petit-déjeuner copieux. Rien ne peut manquer au modèle de base en business et s’il intervient quelque chose de positif inattendu – nous essayons, comme hôteliers, de « lire » les hôtes – alors nous sommes plus riches qu’un hôte régulier.
HB: Avez-vous une préférence pour un des deux types d’hôtels (business versus leisure) ?
DDS: J’ai certainement une préférence pour les hôtels leisure, la créativité peut s’y marquer davantage et les collaborateurs sont, de ce fait, moins répétitifs.
HB: Vous avez surtout été actif à Sofitel : qu’est-ce qui vous attire dans cette chaîne ?
DDS: 10 ans à Hilton – une époque où j’ai beaucoup appris et riche en expérience – mais cela reste une hôtellerie fort standardisée et menée financièrement. Accor est davantage une grande famille où chacun doit trouver sa place – exécuter son propre marketing et vous positionner comme sur un échiquier. Vous y apprenez et vous pouvez atteindre davantage. Je suis occupé depuis 26 ans par Sofitel, et je peux certainement, à cette époque de consolidation dans l’industrie hôtelière (Accor a acheté Fairmont, Raffles, Swissotel et Mövenpick et encore davantage…), bénéficier de choses déterminées grâce à mon expérience et mes connections au sein du groupe, et par exemple pour cet hôtel récemment ouvert, pu faire résoudre assez rapidement certains problèmes.
HB: Vous aviez Bruxelles dans vos attributions au moment où le Sofitel y avait une réputation négative, vous avez actuellement – en tant qu’hôtelier Sofitel le plus expérimenté, dirigé le démarrage de Francfort : les défis ne vous sont clairement pas étrangers. Cela se trouve-t-il dans votre ADN de tester toujours de nouvelles choses, de les développer et de les lancer ?
DDS: Dès 2007, Accor a décidé de laisser se développer Sofitel dans le segment de luxe. Je pouvais en profiter au Sofitel Brussels Europe et de procurer à son nom et sa réputation le meilleur de Bruxelles. Un riche hardware n’est pas toujours nécessaire pour devenir un hôtel de pointe. Les gens de l’équipe font la différence. Développer de nouvelles affaires est un défi pour moi, -alors mon adrénaline fonctionnera mieux, on peut mieux rassembler davantage et je peux motiver d’autres par ma passion. Ce qui dure parfois un peu plus longtemps, parce qu’on ne construit pas une réputation d’aujourd’hui à demain, ce qui est un peu plus difficile à comprendre à cette époque où tout doit intervenir très rapidement. Les hôtels ne sont pas de fabricants de quick money ou on doit opérer seul à un seul endroit.
HB: Que pensez-vous comme ancien de la branche hôtelière de l’évolution actuelle de l’hôtellerie, où la concurrence est meurtrière (également au niveau des 4 et 5 étoiles), où airbnb loue également des appartements luxueux, où l’internet et les médias sociaux jouent un rôle important, etc. ?
DDS: On ne doit craindre personne avec une bonne préparation, une analyse du marché, une équipe motivée de personnes pour les gens et avec un bon directeur financier en coulisses. On doit cependant, dès le début, donner tout et chaque jour reste un défi, s’adapter aux époques changeantes, sans se perdre soi-même en stress financier et continuer à croire en soi et à ses collaborateurs. Les hôtes le restituent en continuant à revenant à nouveau et, espérions-le, libérer quelques minutes pour entamer une discussion humaine entre hôte et collaborateur. Nous devons évidemment, comme hôtelier, poursuivre nos innovations au niveau technologique.
HB: Qu’estimez-vous des formations en gestion hôtelière, en tant que diplômé en hôtellerie de haut niveau ? Et que pensez-vous du personnel hôtelier, pour lequel il s’agit continuellement d’une recherche – néanmoins en Belgique – de personnel qualifié, dans toutes les sub-divisions possibles.
DDS: Je pense que davantage d’attention doit être portée au développement des ressources humaines au cours des formations. Il est actuellement déjà assez compliqué de trouver du personnel suffisamment qualifié, et il doit être dans une certaine mesure également dorloté. Nous créons des collaborateurs loyaux par des formations personnelles, une autonomisation et en créant un bon suivi de carrière.
HB: In fine : relèverez-vous encore de nouveaux défis, après l’ouverture du Sofitel Frankfurt qui est ouvert plus d’un an et demi ? Et dans l’affirmative, dans l’hôtellerie ou entièrement ailleurs, pour « décompresser » ?
DDS: J’aimerais pouvoir poursuivre dans l’hôtellerie comme consultant ou, par exemple pendant 6 mois, diriger une Maison d’hôte dans le sud-est de la France pour quelqu’un d’autre. Mon idée sous-jacente est de transmettre mon expérience à la nouvelle génération d’hôteliers et les préparer à cette industrie rapidement changeante. On peut me consulter personnellement via linkedin ou gsm (+49 172 5299183).
Auteur: Piet Desmyter – photos: Sofitel