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Hans Van der biesen: general manager Thon Hotel EU

En Norvège, les Thon Hotels représentent un véritable empire. Oslo à elle seule héberge 16 hôtels sous sa coupole. Pour l’instant, hors de Norvège, nul besoin de boulier. Ce patrimoine à l’étranger totalise un Thon Hotel à Rotterdam et 5 hôtels plus 2 aparthotels à Bruxelles. Le groupe norvégien et ses quelque 1500 chambres se profile comme véritable pilier fort dans notre capitale aux ambitions -interna-tionales. La Norvège, membre de l’OTAN, absente de l’Union -Européenne, fait partie cependant de l’Espace économique européen et de la Zone Schengen. Le solide ancrage de Thon à Bruxelles est bien sûr aussi attribuable aux ressources humaines. En effet, cinq hôtels sont gérés par un general manager -belge, -notamment le Thon Residence Parnasse, le Thon Hotel Brussels Airport, le Thon Hotel Bristol Stephanie, le Stanhope Hotel Brussels by Thon Hotels et le Thon Hotel EU. Ce dernier (4*, 405 chambres, facilités MICE) est un eye-catcher, rue de la Loi, au cœur du -Quartier Européen. Le General manager Hans Van der biesen y occupe également la fonction d’assistant area director Benelux. 

“Hotel Business (HB): Comment un -Belge, un Flamand débarque-t-il dans un groupe hôtelier norvégien? Parlez-vous -norvégien?
Hans Van der biesen (HVdb): “Oui, car un jour, j’ai coopéré à la mise en service d’un hôtel en Norvège. Avant, j’avais suivi un cours de norvégien et ma présence dans le pays pendant deux mois a amélioré substantiellement mes connaissances linguistiques. Mais il y a très longtemps de cela. En revanche, je suis persuadé que mon norvégien, à l’aide de quelque mise à niveau serait à nouveau tout à fait acceptable. Pour un Flamand, cette langue est plus accessible que pour un francophone. Mon arrivée dans ce groupe n’a rien de spectaculaire. Je travaillais en tant qu’agent de réservation auprès de Holiday Inn Brussels Airport et le Thon Hotel Brussels Bristol Stephanie avait un poste -vacant de reservations manager.” 

HB: La proximité immédiate de la Commu-nauté européenne est-elle l’USP de cet -hôtel ?
HVdb: “Oui! A titre d’information: cela vaut du lundi au vendredi et non au mois d’août, ni à la période de Noël, ni la première semaine du mois de janvier,… Il m’arrive de dire:, le vendredi après-midi: si je pouvais délocaliser l’hôtel et l’implanter 200-300m plus loin, direction Art-Loi, il se trouverait à l’endroit idéal; et revenir le dimanche soir. En semaine, notre point fort c’est de nous trouver juste entre le Parlement européen et la Commission européenne. En partant de la gare ferroviaire Schuman, à 300m de l’hôtel, l’on arrive à l’aéroport en 16 minutes. L’on peut également prendre un taxi, vu la circulation intense, l’on risque de mettre longtemps pour arriver à destination. Afin de motiver nos clients qui arrivent le dimanche soir, pour emprunter un transport écologique, nous leur offrons un billet de train aller-retour. Pendant le weekend, en période calme et lorsque la Commission est absente, il faut l’avouer l’hôtel rencontre des difficultés. A ces moments-là, il faut décider de l’occupation souhaitée. En effet, c’est le prix fixé qui est déterminant. Nous n’avons pas la réputation d’un hôtel qui propose des chambres à 60 euros pour deux, petit-déjeuner inclus et nous ne le f-erons jamais.”

HB: Vous n’êtes donc pas vraiment tributaire des OTA?
HVdb: “De fait, nous sommes en 2019 et les OTA font partie inévitablement du business. Très peu d’hôtels peuvent se prévaloir de s’en passer. Moi-même, je me suis laissé tenter de réserver sur le site de booking.com. Même si notre site affiche toujours des prix inférieurs, booking.com offre d’autres opportunités tel par exemple un pour-centage de remise sur une réservation ultérieure. Mais bon, rien de plus facile pour nous que de diriger ces prix. Nous sommes plutôt ‘price driven’, en particulier en période d’accalmie.” 

HB: Etes-vous à même de gérer ce dynamic pricing ?
HVdb: “Nous disposons d’un service and support office, qui s’occupe entre autres du marketing, du revenue, des réservations, du MICE, du HR, de l’IT et qui assume la comptabilité. Chaque matin, ces opérateurs me proposent un certain nombre d’adaptations et je leur donne mon point de vue. En effet, étant surplace, je suis davantage en phase avec la situation locale, plutôt que les personnes qui se trouvent dans le bureau central. C’est une chance que le bureau soit localisé ici à Bruxelles et que par conséquent, les finesses locales sont matière familière. Tout est question d’interaction et je considère que je suis en situation privilégiée puisque c’est l’administration qui prend sur elle d’organiser ‘un change’. Il est primordial, néanmoins d’être constamment en action. Sans être subjectif, je suis d’avis que nous obtenons de si bons résultats grâce à la coopération entre les deux.”

Un manager d’hôtel passionné et fervent amateur de foot
Hans Van der biesen a fait des études d’hotelmanagement au KHBO (actuellement le Vives) à Bruges. Il est resté en contact puisqu’il siège dans le comité consultatif qui applique son attention à la formation d’étudiants en marketing et à l’évaluation des travaux de fin d’étude des étudiants. Il est à noter que le nombre d’étudiants qui optent pour un stage dans les Thon Hotels à Oslo ou ailleurs en Norvège est en constante hausse, alors qu’ils pourraient parfaitement privilégier Ténérife ou Gran Canaria,  ensoleillés à cette époque de l’année (février). Les opportunités de pratiquer le ski, after work en revanche sont légion au départ d’Oslo.
Quant à Hans Van der biesen, il a fait son stage au Holiday Inn à Paris et il a démarré sa carrière professionnelle au Holiday Inn Brussels Airport. En première instance, il assurait le service de nuit, puis celui des réservations.En 2000, il a fait son entrée aux Thon Hotels comme  reservations manager front office du Thon Hotel Bristol Stephanie, le pas suivant étant celui de responsable général au Thon Residence Parnasse à Bruxelles. Après une brève césure dans le secteur immobilier en 2008, Van der biesen a poursuivi sa carrière hôtelière Thon en tant qu’ executive manager au Thon Hotels Brussels City Centre, avant d’atterrir comme general manager au Thon Hotel EU en 2011 et de diriger la pré-ouverture et le 6 avril, l’ouverture officielle. Entre-temps, il a été nommé également assistant area director Benelux. 
Sa deuxième passion? Le foot et plus spécifiquement KV Mechelen. “Un hobby qui a pris des dimensions incontrôlables”, explique Hans en riant. Après quelque insistance: “Après la faillite, je me suis porté volontaire, et je le suis toujours. En coopération avec Gert Van Dyck et Marc Uytterhoeven je m’occupe de la représentation des supporters. Un phénomène assez unique en Belgique , puisque nous sommes très présents dans le conseil d’administration, voire dans le comité de direction.” 

HB: Quel taux d’occupation remportez-vous ainsi?
HVdb: “Nous arrivons à 66 – 67 %. Pas specta-culaire, de premier abord, mais il faut tenir compte des intervalles difficiles, cités antérieurement. Je peux facilement atteindre les 75 %, mais est-ce là le plus important? Il est clair que le taux d’occupation apparaît souvent comme un élément primordial alors que les prix sont tout aussi importants. Lorsqu’on compare les prix moyens appliqués à Bruxelles durant les low periods, force est de constater qu’ils sont sensiblement inférieurs à ceux pratiqués dans les autres villes européennes, telles qu’Amsterdam, Paris, Londres,…
Chaque année, nous fermons boutique pendant quatre jours, à la période de Noël. C’est un phénomène relativement unique pour un hôtel de cette ampleur. A cette période il y a peu de demande et nous travaillons très dur, tout au long de l’année. Il est équitable, dès lors de passer quelques jours en famille, à la Noël. Bien sûr, la permanence est présente car il est hors de question de laisser l’immeuble inhabité.”

Quatorze bornes installées dans le garage

HB: En considérant l’hôtel sous l’angle de la perspective norvégienne, dès l’entrée, nous débouchons sur l’importance accordée par le Thon Hotel EU à l’attitude éco et à la durabilité en général?
HVdb: “C’est un sujet très actuel que nous avons considéré comme une évidence dès l’ouverture de l’hôtel. En transformant l’ancien immeuble de bureaux en hôtel, nous sommes allés bien au-delà des prescriptions techniques. Nous allons au-delà des hôtels qui demandent à leurs hôtes ‘drop your towels’. En général, il s’agit là d’une économie de coûts, non d’un souci environnemental.
Nous essayons aussi de faire des achats très pointus. Tantôt, j’ai un meeting à propos de l’origine, de la traçabilité des œufs.  Le miel vient en partie des ruches installées sur le toit de notre patio. Et nous créons d’autres initiatives diverses. Comme ces billets de train, le dimanche soir. Hélas, pour des raisons de coûts, il ne nous est pas possible de l’offrir le billet en permanence.
Sous peu, nous discutons à propos de nos plumes: elles sont d’ores et déjà dégradables, mais nous voulons les remplacer par des exemplaires en bambou. D’emblée nous avons été labellisés Green Key. Les douches dans les chambres sont équipées de mitigeurs économiques. Occasionnellement, un hôte remarque que sa douche est plutôt ‘paresseuse’. Tout à fait compréhensible si la personne en question dispose chez lui d’une douche pluie qui projette 10l d’eau par minute…  
Par ailleurs, nous nous employons à satisfaire les souhaits de nos clients. C’est un perpétuel exercice d’équilibre. Nous servons aussi du café fair trade tout en utilisant au maximum des produits locaux. 
Nous nous sommes adressés au siège social à Oslo afin de faire une demande pour installer 200 panneaux photovoltaïques supplémentaires. Comme investissement, le placement n’est plus guère rentable, mais nous disposons des possibilités et des moyens pour le faire. Nous considérons qu’il est salutaire de donner l’exemple, tout comme nos bornes (gratuites) installées dans le garage. 
Nous avons par ailleurs notre propre bière, la Thonner’ke, une triple brassée avec du houblon belge par la brasserie Den Triest à Kapelle-op-den-Bos. Et pour rester dan le registre des boissons: nous disposons d’une importante collection de whiskys et nous accueillons dans nos salons un club de whisky.”

Nils Hauge, Area Director Thon Hotels Benelux:
“Pour l’instant, pas de projets hôteliers concrets ultérieurs”

HB: Pourquoi jadis avoir opté explicitement pour Bruxelles? Que le siège de l’UE, de l’OTAN et d’autres institutions importantes soit implanté dans la capitale, semble une évidence. Le partenariat avec le Global Hotel Alliance, par contre paraît moins explicable -c’est du moins ce que l’on lit dans une publication. Pouvez-vous apporter quelque éclaircissement?
Nils Hauge: “Au milieu des années ’90,-le premier hôtel a ouvert ses portes en janvier 1995- les Thon Hotels ont opté pour un accord qui était basé sur une combinaison de deux opportunités: le fait que Bruxelles jouit d’une localisation idéale au centre de l’Europe où de nombreuses organisations, entre autres les institutions européennes et l’OTAN comme principaux acteurs y sont implantées et un marché immobilier qui offrait de bonnes opportunités d’achat au début et au milieu des années ’90. La perspective de croissance, tant des institutions que du marché de l’immobilier- l’UE comptait 15 états membres en 1995 et en dénombre actuellement 28, 27 sans l’UK-renforçait la croyance que Bruxelles serait une destination intéressante pour les Thon Hotels. Le partenariat avec le Global Hotel Alliance ne s’est accompli que bien plus tard et relevait d’une décision prise dans le contexte de l’intégralité du Thon Hotels Group, et pas uniquement pour l’établissement à Bruxelles.”   

HB: Y a-t-il de nouveaux projets en cours d’expansion dans les Thon Hotels à Bruxelles ou ailleurs dans le Benelux?  
Nils Hauge: ”Pour le moment, nous n’avons pas de projets concrets. Bien sûr, nous suivons le marché et nous sommes disposés à profiter des bonnes opportunités si elles se présenteraient. Conformément à l’envergure du groupe, il serait en effet plausible de nous développer davantage dans la région du Benelux au cours des années à venir. Cependant, c’est là un scénario encore très flou.


La Maison de l’histoire -européenne 

HB: L’hôtel est opérationnel depuis 7 ans et demi. Qu’est-ce qui vous -procure le plus de satisfaction au niveau de l’exploitation?
HVdb: “Les commentaires positifs de nos hôtes. Actuellement nous occupons la (ndlr il scrute l’écran de son ordinateur) 8ième place  sur le site de TripAdvisor sur presque 240 hôtels à Bruxelles. Nous ne sommes pas un petit boutique hôtel, où je peux accueillir personnellement tous les hôtes, ni un hôtel cinq étoiles comme le sont la plupart des hôtels de catégorie supérieure. 
En général,  troisThon Hotels figurent dans le top-15 de TripAdvisor. Cela ne relève pas d’un hasard, car jour après jour, il nous faut travailler dur pour obtenir ce résultat. Le Thon Hotel EU à lui seul accueille quelque 120.000 personnes par an. Il obtient un score permanent de 9 sur 10 sur les tout grands site. N’y a-t-il pas lieu de quelque satisfaction?”

HB: Quelles améliorations pourrait-on -encore apporter? Comment attire-t-on -davantage de clients loisirs vers le Thon -Hotel EU?
Hvdb: “Le quartier européen est un lieu vraiment sous-estimé.   La Maison de l’histoire européenne, (située dans le Parc Léopold)par exemple est une véritable perle. Elle a été inaugurée, il y a plus de deux ans. La Maison qui est totalement ignoré par le grand public, est tout simplement fantastique et de surplus, son entrée est gratuite. Déjà l’immeuble vaut le détour.  En coopération avec des collègues -sans contrainte-nous nous efforçons, par diverses initiatives à faire la promotion du quartier européen. La plupart des visiteurs de la capitale limitent leur visite à Bruxelles au parlement et au Palais -Royal. Il ne prennent pas la peine d’aller au-delà de la petite ceinture, alors que le quartier regorge de merveilles!”

Emma Lemaitre, Brand & Marketing Leader Benelux:
“La Fondation Olav Thon garantit la sécurité de l’emploi et
soutient des associations caritatives”

HB: Le Thon Hotels Gruppen a été créé par Olav Thon, d’après le magazine Forbes, l’un des hommes les plus riches du monde. -Entre-temps, il a 96 ans. En 2013, ses actions Gruppen ont été transférées vers l’ Olav Thon Stiftelsen. Cette fondation a comme -fonction principale de garantir la survie de tant l’immobilier que les hôtels. Est-ce vrai ? En outre, la fondation veut soutenir ce qu’on appelle ‘les bonnes œuvres’. Quelles sont ces œuvres philanthropiques?

Emma Lemaitre: ”Olav Thon, le président de l’Olav Thon Group, a effectivement  96 ans et il est considéré comme un des -hommes les plus riches du monde. En décembre 2013, il a transféré la plus grande partie de ses propriétés et de ses actions dans l’Olav Thon Group, dont la valeur est estimée à  25 milliards de couronnes norvégiennes (ndlr: approximativement à diviser par dix)) à la -Fondation Olav Thon. Celle-ci a été créée pour exercer un management immobilier stable et ce à long terme du Groupe Olav Thon et des filiales et pour répartir des fonds destinés à des projets philanthropiques. 
Dans le dernier cas, le montant se chiffre à une somme annuelle de ca 50 millions de NOK. La part du lion est prodiguée à la -recherche, à des projets d’enseignement du secteur des mathématiques et des sciences naturelles ainsi qu’à la médecine. 
Lorsqu’en 2013,  Olav Thon a créé la fondation qui porte son nom, il a insisté sur l’importance de la sauvegarde de l’avenir du Olav Thon Group, pour que les emplois de tous les travailleurs soient protégés. Il a souligné l’intérêt de continuer à promouvoir les objectifs non-profit qu’il souhaite soutenir ainsi que la société en général.” 

HB: Pour finir, une question qui rappellera des souvenirs beaucoup moins agréables: vous avez vécu ici et de près, l’attentat -terroriste, le 22 mars 2016 dans la station de métro Maalbeek. Les mesures de sécurité ont-elles été renforcées depuis?
HVdb: “Soyons honnêtes. Impossible d’éviter ce genre de tragédies. Même si un détecteur de métal ou d’arme est installé à l’entrée et il envoie un signal d’avertissement, lorsqu’une personne armée franchit le seuil, elle aura néanmoins le temps d’entrer et de se planter devant vous. Par conséquent, oui, les mesures ont toutes été renforcées un peu, mais il est de toute façon impossible de se protéger à ce nouveau. Nous avons installé quelque 200 caméras et nous sommes très vigilants quant aux pickpockets et autres : ils sont plus proches que les attentats devant lesquels on est impuissant. 
Il est clair que cette journée était loin d’être sympa, puisque le lobby a été aménagé en infirmerie. Nous préférons ne plus jamais vivre de pareils -événements.”
www.thonhotels.com

Auteur Daniel Steevens photos: Thon Hotels et Daniel Steevens

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